Combien coûte un site internet de l’État en général ?
Publié le mardi 4 novembre 2025
Le but de cet article n’est pas de déterminer un montant exact, mais une estimation, ou un ordre de grandeur du coût moyen d’un site internet vitrine de l'Etat.
Pourquoi une simple estimation? Car il est difficile de savoir combien coûte un site vitrine. Et pour cause, chaque administration est autonome dans l’achat de ses sites. Par ailleurs, le site, qu’il soit vitrine ou pas, est parfois inclus dans de plus vastes projets numériques ou de communication.
Certains sites ont fait parler d’eux pour leur coût particulièrement élevé, comme (Ouvre une nouvelle fenêtre) France.fr (2010) : 4 millions d’euros ( (Ouvre une nouvelle fenêtre) source). Ce cas n'est cependant pas généralisable.
Essayons de décortiquer le prix d’un site :
- l’appel d’offre
- la création ou la refonte du site en lui même
- la maintenance et l’hébergement
S’ajoutent les coûts de conformité réglementaire pour un site de l’Etat :
- Audit de conformité RGAA et mise en accessibilité
- Intégration du Système de Design de l’État (DSFR)
- Le respect du Référentiel Général de Sécurité (RGS)
A cela peuvent s’ajouter :
- de l’accompagnement : design, éditorial, SEO etc.
- de la formation
- de la maintenance évolutive
Pour cet article, nous nous attarderons uniquement sur le coût du site en lui-même, et celui de sa mise en conformité. Nous laisserons de côté le volet accompagnement, formation, et maintenance évolutive.
Coût d’un appel d’offre : 9k TTC minimum
Pour un pouvoir adjudicateur, le coût global d’un appel d’offres national (hors réponse des entreprises) se décompose principalement en :
- La rédaction et conduite de la procédure (formulation du besoin, élaboration du cahier des charges, gestion des questions des candidats, organisation des auditions, etc.)
- Les frais de publication (BOAMP ou JOUE) et le cas échéant les dépenses de diffusion complémentaire (journaux d’annonces légales).
Estimation issue de l’étude Géfil/Caneva
- Temps consacré : 10 jours-homme pour une procédure sans audition, 14 jours-homme si auditions des candidats
- Coût-jour moyen des intervenants (acheteurs publics et prescripteurs) : 650 à 1 100 € HT/jour
- Coût minimal de rédaction (sans audition) : 10 j × 650 €/j = 6 500 € HT arrondi à 7 500 € HT
- Coût maximal de rédaction (avec audition) : 14 j × 750 €/j (moyenne) ≃ 10 500 € HT[1]
Frais de publication BOAMP
- 1 UP à 90 € HT, soit 108 € TTC par avis initial[2].
Fourchette de coût global
En incluant tous les postes (rédaction, gestion, publication) et selon la complexité de l’étude des besoins, la plupart des administrations centrales constatent un coût total par appel d’offres situé entre :
- 7 600 € HT (7 500 € rédaction + 100 € publication)
- 10 600 € HT (10 500 € rédaction + 100 € publication)
Lorsque la définition des besoins est approfondie (études préalables, réunions internes, coordination multi-acteurs), la fourchette peut se situer plus largement entre 15 000 € et 30 000 € HT, voire jusqu’à 35 000 € HT dans les cas les plus complexes[1].
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Coût de la réalisation ou de la refonte d’un site vitrine : 24k TTC
L'investissement initial pour la création ou la refonte d'un site internet public varie considérablement en fonction de l'envergure de l'administration concernée, de la complexité du projet et du niveau de personnalisation requis.
Les facteurs qui déterminent le coût
La grande variation des coûts s'explique par plusieurs facteurs clés qui s'additionnent dans un devis de création ou de refonte :
- Le nombre de pages et de gabarits : Un site d'une seule page peut coûter entre 500 € et 4 000 €, tandis qu'un site de plus de 10 pages avec des mises en page variées (gabarits) peut rapidement dépasser les 8 000 € à 25 000 €.
- La complexité du design (UX/UI) : Une simple refonte graphique peut commencer à 1 500 €, mais une refonte complète de l'expérience utilisateur (UX) et de l'interface (UI) pour optimiser la navigation, notamment sur mobile, peut coûter entre 2 500 € et 8 000 €.
- Les fonctionnalités spécifiques : L'intégration de modules avancés (système de réservation, espace membre, connexion à des outils tiers comme un CRM) augmente significativement le coût.
- La création ou la migration de contenu (non pris en compte pour notre calcul) : La rédaction, l'optimisation pour le référencement (SEO) et le transfert de centaines de pages d'un ancien site vers un nouveau représentent un travail conséquent qui est souvent chiffré séparément.
- Le type de prestataire : Les tarifs varient logiquement entre un freelance (généralement de 1 000 € à 5 000 € pour un projet simple) et une agence web spécialisée qui apporte une équipe pluridisciplinaire (design, développement, stratégie), avec des budgets allant de 3 000 € à plus de 30 000 €.
L'analyse des offres de prestataires spécialisés et des avis d'attribution de marchés publics permet de définir des fourchettes de prix précises pour chaque strate du secteur public.
Dans le cas des directions ministérielles, des agences de l'Etat ou des services d'envergure nationale, les sites internet deviennent des projets de communication stratégiques avec des exigences très élevées en matière de design, d'expérience utilisateur (UX), de volume de contenu et de trafic.
Pour ce type d'institutions, le coût d'une refonte de site vitrine dépasse fréquemment les 100 000 € et peut s'approcher du million.
Coût d’un site vitrine "simple"
Périmètre fonctionnel
Ce scénario correspond à un site d'information pour une administration ou un service public. Il comprend typiquement :
Décomposition des coûts (Création)
Déploiement, Formation & Recette : 10-15%
Fourchette Estimative (Création) : 15 000 € - 30 000 € HT.
Cette fourchette se situe dans la tranche haute des sites vitrines avancés du secteur privé mais correspond à l'entrée de gamme pour les projets institutionnels .
Fourchette Estimative (Refonte) : 20 000 € - 40 000 € HT.
Le surcoût de 25-30% couvre l'audit du site existant, la stratégie et la mise en œuvre de la migration d'un volume modéré de contenus, ainsi que le plan de redirection SEO. Ce budget est cohérent avec des projets observés comme celui de la ville d'Evron (40 000 €).
Conclusions :
Dans le cas d’un site vitrine, partons sur une fourchette basse : 20 000 euros HT
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Coût de l’hébergement et de la maintenance : 24k TTC (par an)
L'analyse des marchés publics révèle que le coût de l'hébergement et de la maintenance varie de manière exponentielle en fonction de la taille de l'entité, de la complexité technique de son site et du caractère critique des services numériques qu'il propose.
Que couvre l'hébergement ?
- Le nom de domaine
- Le certificat SSL
- L’hébergement mutualisé , VPS, Coud ou dédié
Que couvre la maintenance?
- Les mises à jour techniques : Application des correctifs de sécurité et des nouvelles versions du système de gestion de contenu (CMS comme WordPress, Drupal, etc.), des thèmes et des extensions (plugins).
- La sécurité : Surveillance active contre les tentatives de piratage, scan anti-malware, gestion du pare-feu (firewall)
- Les sauvegardes : Réalisation de copies de sécurité régulières (quotidiennes, hebdomadaires) et capacité de restauration rapide en cas d'incident
- L'optimisation des performances : Surveillance et amélioration de la vitesse de chargement du site, gestion du cache
- Le support technique : Assistance en cas de problème ou de question
En synthétisant les données issues des marchés publics et les benchmarks du secteur privé, il est possible d'établir des fourchettes de coûts annuels approximatifs pour l'hébergement et la maintenance, segmentées par type d'entité publique.
Il peut varier de quelques centaine d’euros par an (pour une petite page d'atterrissage par exemple), à plusieurs centaines de milliers pour le site d'un service grand public par exemple.
Conclusion :
La fourchette, pour le site d'un service numérique d'envergure moyenne est de l’ordre de 15 000 a 40 000 euros HT par an. Pour notre exercice, prenons l'estimation basse : 20 000 euros HT par an
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Prix de la mise en accessibilité RGAA : 12k TTC
Le Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité (RGAA) constitue la pierre angulaire de la politique d'inclusion numérique en France.
Il transpose techniquement les exigences de l'article 47 de la loi n° 2005-102 pour « l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », garantissant un accès équitable aux services publics en ligne pour tous les citoyens.
Niveaux de conformité Officiels
Le résultat de l'audit permet de calculer un taux de conformité global, qui correspond au pourcentage de critères applicables respectés sur l'ensemble des pages de l'échantillon. Ce taux détermine l'état de conformité officiel du site, qui doit obligatoirement être mentionné dans la déclaration d'accessibilité :
- Totalement conforme : 100 % des critères RGAA sont respectés.
- Partiellement conforme : Au moins 50 % des critères sont respectés.
- Non conforme : Moins de 50 % des critères sont respectés.
Les livrables réglementaires : une obligation de transparence
La réglementation impose la publication de plusieurs documents qui formalisent la démarche d'accessibilité.
- La déclaration d'accessibilité : Ce document, qui doit être accessible depuis chaque page du site, est la carte d'identité de l'accessibilité du service. Il indique l'état de conformité, liste les contenus non accessibles et leurs alternatives, et fournit un moyen de contact pour signaler un problème. Il doit également mentionner la possibilité de saisir le Défenseur des droits en cas de non-réponse de l'administration.
- Le schéma pluriannuel d'accessibilité : Il s'agit d'une feuille de route stratégique sur trois ans qui planifie les ressources humaines et financières ainsi que les actions de mise en conformité. Sa publication est obligatoire et des exemples sont disponibles pour des entités comme le Ministère de la Culture ou la Présidence de la République.
- Le plan d'actions annuel : C'est la déclinaison opérationnelle du schéma pluriannuel, détaillant les actions prévues pour l'année en cours.
Le processus de mise en conformité
La mise en conformité suit un cycle de vie structuré :
- Évaluation initiale (audit) : Un audit est réalisé par un expert sur un échantillon de pages représentatives du site pour identifier les non-conformités et calculer le taux de conformité initial.
- Planification et correction (remédiation) : Sur la base du rapport d'audit, un plan d'actions est élaboré pour corriger les erreurs techniques, graphiques et éditoriales.
- Publication et déclaration : Une fois les corrections déployées, la déclaration d'accessibilité est rédigée et publiée, ainsi que le schéma pluriannuel et le plan d'actions.
- Validation (contre-audit) : Bien que non obligatoire, un audit de validation est fortement recommandé pour vérifier l'efficacité des corrections et mettre à jour le taux de conformité.
Coût pour un site vitrine d'un service public d'envergure moyenne
- Périmètre : 15 gabarits, complexité faible, contenu majoritairement statique.
- Audit : Audit détaillé sur un échantillon de 10 pages. Coût estimé : 3 000 € HT.
- Remédiation : Taux de conformité initial bas (35 %). Charge de travail estimée à 20 jours/homme (15 jours développeur, 5 jours chef de projet/contributeur). Avec un TJM moyen de 500 €, coût estimé : 10 000 € HT.
- Formation : Formation de 2 personnes clés (webmaster, chef de projet). Coût estimé : 4 500 € HT.
- Budget total estimé (hors aides) : ~17 500 € HT.
Conclusions
Pour notre exercice, partons sur une une fourchette basse : 10 000 € HT. En effet, dans le cas d’une création d’un site en 2025, les développeurs partent souvent d’une base plus accessible qu'autrefois.
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Prix de l’intégration du Système de Design de l’État (DSFR) 10k €
Le Système de Design de l'État est l'outil officiel destiné à la production des interfaces numériques des sites portant l'extension .gouv.fr.
Son objectif principal est de fournir aux citoyens des services numériques simples, accessibles et immédiatement reconnaissables comme émanant de l'État. L'utilisation de cette identité numérique est strictement réservée aux entités de l'État (ministères, administrations centrales, préfectures, etc.) afin d'éviter toute confusion ou usage trompeur, protégeant ainsi la confiance du public
Taux Journaliers Moyens (TJM) du marché (2025)
Une fois la charge en J-H estimée, le coût est obtenu en la multipliant par le Taux Journalier Moyen (TJM) du profil concerné. Les TJM varient selon l'expérience, la spécialisation et le type de prestataire (freelance ou agence). Les données issues des plateformes de freelancing fournissent des repères de marché pertinents pour 2025 :
- Chef de Projet (expérimenté) : environ 667 €
- Développeur Front-End (expérimenté) : environ 537 €
- Designer UX/UI / Directeur Artistique : entre 600 € et 700 €
Refonte d'un Site Institutionnel Complexe
Périmètre
Refonte complète d'un site institutionnel existant de plus de 50 pages. Le projet inclut la migration des contenus, la création d'un espace membre avec gestion des droits, le développement de fonctionnalités spécifiques (ex: annuaire, cartographie) et l'interfaçage avec une API métier. Le socle technologique retenu est Drupal, pour sa robustesse et sa flexibilité.
Chiffrage détaillé (via agence spécialisée) : Un tel projet nécessite une équipe pluridisciplinaire et une méthodologie rigoureuse.
La charge de travail totale estimée pour ce scénario se situe entre 55 et 90 jours-homme. En appliquant un TJM moyen pondéré de 600 €, le budget prévisionnel se situerait dans une fourchette de 33 000 € à 54 000 €.
Conclusion
Comme pour l’accessibilité, la création d’un site internet en 2025 ne se fait pas depuis zéro, le DSFR étant librement accessible par un développeur front end. Une partie de ce coût est donc inclue dans la réalisation du site vitrine en lui même. Le cout total retenu est donc une fraction du cout total moyenne, c’est à dire 20% de (33 000 + 54 000)/2 , soit 8 700 euros HT
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Coût de la mise en conformité au Référentiel Général de Sécurité (RGS) : 18k € TTC
La conformité RGS est une obligation légale pour un large périmètre d'entités publiques.
Le non-respect de ce référentiel peut entraîner des demandes formelles de mise en conformité de la part des autorités compétentes.
La mise en conformité au RGS se matérialise par une démarche formelle : l'homologation de sécurité. Ce processus vise à s'assurer que les risques ont été identifiés et traités de manière adéquate avant la mise en service ou la poursuite de l'exploitation d'un système d'information.
La démarche d'homologation, bien que plus agile, reste un processus structuré :
- Phase de cadrage et d'analyse de risques : Cette étape initiale est fondamentale. Elle s'appuie sur la méthode EBIOS Risk Manager, promue par l'ANSSI, pour définir le périmètre précis du système à homologuer, identifier les missions critiques qu'il supporte, et analyser les scénarios de menaces. C'est au cours de plusieurs ateliers collaboratifs, réunissant les décideurs, les équipes métier et les experts techniques, que les risques sont évalués et que le niveau de sécurité RGS cible est formellement validé.
- Phase de définition et de mise en oeuvre du plan d'action : Les résultats de l'analyse de risques se traduisent par un plan de traitement, qui est la feuille de route des mesures de sécurité à implémenter. Cette phase très opérationnelle inclut le développement de code sécurisé, la configuration des infrastructures et des outils, la rédaction des politiques et procédures, et la formation des utilisateurs.
- Phase de contrôle et d'audit : Un contrôle est systématiquement mené pour vérifier que les mesures de sécurité sont bien en place et efficaces. Pour les démarches de niveau intermédiaire ou renforcé, cette vérification prend la forme d'un audit de sécurité formel, souvent un test d'intrusion ou un audit de configuration, qui doit être réalisé par un Prestataire d'Audit de la Sécurité des Systèmes d'Information (PASSI) qualifié par l'ANSSI.
- Phase de décision d'homologation et de suivi : Sur la base du dossier de sécurité complet (incluant l'analyse de risques et le rapport d'audit), l'autorité d'homologation prend la décision formelle d'autoriser l'exploitation du système. Cette décision, qui acte l'acceptation des risques résiduels, est valable pour une durée limitée, typiquement de un à trois ans. Un processus de Maintien en Condition de Sécurité (MCS) est alors enclenché pour garantir une surveillance et une amélioration continue de la sécurité.
Coût pour un Site vitrine à faible criticité
Hypothèses
Site institutionnel d'un service public de moyenne envergure, présentant des informations publiques, avec un formulaire de contact simple. Pas de traitement de données personnelles sensibles. La démarche d'homologation retenue est la démarche simplifiée du guide ANSSI 2025. La maturité en cybersécurité est jugée élémentaire.
Détail du budget estimé :
- Coûts externes : Certificat SSL RGS* (~1 000 € / 3 ans), accompagnement conseil léger pour le cadrage et la matrice de conformité (5-7 jours, ~3 500 - 5 000 €). Pas d'audit PASSI obligatoire.
- Coûts techniques : Souscription à un WAF Cloud (~600 € / an). Pas d'investissement SIEM ou SAST dédié.
- Coûts internes : Charge interne modérée (15-20 jours-homme), formation de sensibilisation pour les agents.
Conclusion
Budget total estimé (investissement initial) : 15 000 € - 30 000 €. Comme précedement, nous partons sur une fourchette basse : 15 000 euros HT
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Conclusion finale : 97k €
Un site internet de l’Etat , même simple, coûte facilement 97 000 euros TTC . Avec une seule année d’hébergement. Le coût sur trois ans est plutôt de 135 000 euros. Sans l’accompagnement, la formation, le contenu, le SEO ou les évolutions fonctionnelles.
Toutes les administrations ne payent pas ce prix, mais cela sera souvent au détriment du design, de la sécurité, ou de l’accessibilité. C’est qui ressort de notre étude sur la qualité des sites internets de l’état